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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/101

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pel des émigrés, dont on a fait tant d’honneur à la politique de Bonaparte, Toussaint-Louverture en avait fourni l’exempte. À sa voix ses soldats retournent libres au travail ; il réorganise l’agriculture, répare les finances ; rend la prospérité et le repos à une île peuplée d’esclaves parvenus de la veille à la liberté. Il craint que le Directoire ne prenne ombrage de l’ascendant qu’il acquiert en faisant le bien, et vaguement soupçonné, surtout après s’être adroitement débarrassé du commissaire Sonthanax, qui le gênait, de vouloir proclamer l’indépendance de la colonie pour s’en constituer chef suprême, il envoie par une de ces inspirations qui semblent appartenir aux hommes de Plutarque, il envoie ses deux fils en France pour les y faire élever, « afin, dit-il, de donner un témoignage de la confiance qu’il a dans la République. » Sa fortune ne l’éblouit pas ; il garde une simplicité personnelle extrême au milieu de la magnificence de son état-major et de ses entourages. Il recommande les bonnes mœurs et en donne l’exemple. Quand le consul Bonaparte, préludant à ses desseins despotiques, ordonne l’expédition de Saint-Domingue, on amène