Aller au contenu

Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prisonniers, elle trouvera de beaux-esprits gagés qui, l’histoire à la main, viendront demander en sa faveur un bill d’indulgence !

Pour faire tant que de raisonner de la sorte, on peut s’étonner que les souteneurs de l’ilotisme aient négligé un argument qui leur serait meilleur qu’aucun autre, car il est puisé dans l’histoire naturelle, laquelle certainement doit paraître d’un bien autre poids que l’histoire humaine. Si j’étais à leur place, je dirais que l’esclavage est une manière d’être dans l’ordre de la nature et dont le Créateur lui-même a donné la loi en produisant plusieurs espèces animales pour ce doux emploi ; je démontrerais que l’asservissement des hommes noirs par les hommes blancs est une chose normale, puisque les fourmis amazones, qui sont rousses, réduisent en servitude les fourmis mineuses, qui sont fauve pâle ; même sans aucune exagération, il est facile de pousser la chose un peu plus loin ; ceux qui voudraient manger leurs enfants en trouveraient le droit dans les plaines de l’Inde, où les tigres dévorent leurs petits, et comme Dieu, dans sa bonté infinie, a fait aussi que les loups dévorent les loups, malgré le pro-