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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/137

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ils prétendent que les esclaves sont les gens les plus heureux du monde, que les Noirs ne voudraient pas de la liberté si on la leur accordait, et ils s’opposent aux lois qui donneraient aux esclaves la faculté de se racheter ! et la moindre parole les épouvante ! Hideux état social que celui où l’on ne peut prononcer le mot liberté sans danger !

Il y a plusieurs mois on entendit devant les tribunaux de France un Nègre préférant les chaînes à l’indépendance demander qu’on le ramenât à son maître. Il était convaincu de vol ; et disait qu’il avait volé pour manger. Ce fait isolé n’établit pas grand’chose en faveur de l’esclavage ; il accuse plutôt l’odieuse constitution sociale, où un homme qui veut gagner sa vie en travaillant ne le peut pas. Néanmoins les amis de la servitude se sont montrés fort heureux de l’aventure. Mais cette contradiction de leur optimisme avec leurs terreurs perpétuelles ne les condamne-t-elle pas a priori ? Et puisqu’il est question de terreurs, disons-le, c’est une folie de rejeter sur les abolitionnistes la responsabilité de ce qui se passe aux colonies. Nos discours n’y font rien. Il n’y avait point de philanthro-