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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/138

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pes ou du moins de sociétés d’émancipation du temps d’Appius Herdonius, d’Eunus, de Salvius, d’Athénion, de Spartacus, et les esclaves romains ne s’en sont pas moins révoltés, comme les Hébreux des Égyptiens, comme les ilotes des Lacédémoniens s’étaient révoltés en leur temps, comme les serfs du moyen-âge se révoltèrent à leur tour, comme les Noirs de Surinam se sont révoltés en 1712, ceux de la Jamaïque en 1750, ceux des Florides en 1837, et comme ceux qui nous entourent se révolteront pour la cent millième fois, non parce que nous déclamons ici, mais parce que l’esclavage est une situation contre nature, une situation intolérable.

À propos de nos dangereux manifestes, l’occasion est favorable pour répondre à certaines doléances. On nous reproche d’oublier dans nos écrits furibonds qu’il y a des Blancs aux colonies, et de mettre le poignard à la main de leurs Nègres ; mais que veut-on ? garder éternellement le droit de mort et d’exil ? Si nous ne parlons, qui parlera ? Laissez faire aux maîtres, nous répètent les conservateurs, eux-mêmes se chargeront d’affranchir ! Moquerie ! infâme moquerie !…