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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/139

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Avait-on jamais vu les maîtres s’occuper d’améliorer le sort des malheureux Noirs. Si les propos incendiaires des abolitionnistes n’avaient ému le monde, l’œuvre d’émancipation n’en serait-elle pas encore où elle en était en 1783. Les planteurs y songeaient-ils avant que les quakers de Philadelphie n’appelassent à l’aide des opprimés ? Hélas ! on ne le sait que trop, ils usaient de ces vils instruments appelés Nègres, et quand ils n’en avaient plus, ils en envoyaient chercher à la côte d’Afrique, comme on renouvelle une provision épuisée. C’était une prodigalité de Nègres effroyable. Le jour où Pitt demanda l’abolition de la traite à la chambre des communes (1788), les marchands de Liverpool, alors grands négriers, s’y opposèrent, alléguant pour motif que l’intérêt des colonies anglaises exigeait qu’on y maintint une population de 410,000 esclaves, et que la fixation de ce nombre rendait nécessaire chaque année l’introduction de 10,000 Nègres nouveaux !!! C’est fort intelligible, cela. Froissard[1] cal-

  1. La cause des Nègres, portée au tribunal de la justice, de l’humanité et de la politique, 2 vol. in-8o.