Aller au contenu

Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturelle. Avant tout, fussent-ils réellement incapables d’habitudes laborieuses, je déclare que je ne verrais pas là un motif suffisant pour laisser à qui que ce soit le droit de les réduire en servitude, ensuite je hasarderai de dire que ce penchant à l’oisiveté, cette insouciance de l’avenir que leur reconnaît M. de Sismondi, et sur lesquels appuient si fort tous les conservateurs, ne sont que des produits de la servitude. — Tâchons donc de nous mettre en possession de la vérité. – À Sierra-Leone, les Nègres sauvés de la traite ne montrent aucune répugnance pour le travail ; à la Havane, où les Noirs libres sont nombreux, nous les avons vus se louer de bonne grâce pour la culture ; parmi ceux qui sont esclaves, le fouet même n’est pas absolument indispensable pour tous, un assez grand nombre sont livrés à leurs propres industries, quitte à rapporter tant par jour au maître, à-peu-près comme nos cochers de fiacre ou de cabriolet, et c’est ainsi que plusieurs gagnent assez pour profiter de la loi espagnole, qui leur permet de se racheter. Au Mexique et en Colombie, les Nègres qui s’y trouvent ne sont d’aucun embarras pour les gouver-