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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/155

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utile. L’Angleterre n’eût subi qu’une secousse au lieu de deux, si elle avait déclaré la liberté sans transition. L’apprentissage blesse les maîtres, qui n’en voient pas moins une atteinte portée à leurs droits ; il trouble l’esprit des esclaves, qui ne comprennent pas cette alliance du travail forcé avec une liberté expectante ; il ne satisfait personne, perpétue l’arbitraire, augmente les embarras et maintient aussi l’emploi des châtiments corporels, comme de toutes les mesures cruelles que l’on déteste dans la servitude. Et tout cela sans profit, car les apprentis n’apprennent pas à jouir d’eux-mêmes, et l’on n’évite pas davantage le premier mouvement de délire.

    population esclave de nos colonies était, au 31 décembre 1835, de 261,702. En 1836, de 258,956 ; sur ce chiffre il faudrait retrancher, si l’on s’occupait de l’indemnité, 17,434 pour les individus au-dessus de 60 ans, qui ne sont qu’une charge sans compensation pour leurs maîtres, et 68,105 pour les enfants au-dessous de 14 ans, qui ne figurent encore que parmi les charges. — Resteraient donc seulement 176,173 individus à racheter *. » On a bien donné un milliard pour les émigrés !

    * Adresse de la Société de l’abolition de l’esclavage aux conseils-généraux. — Paris, 1er avril 1837.