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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/43

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mantes fileuses a-t-elle été volée à sa mère, livrée à un négrier, et creuse-t-elle aujourd’hui la terre sous le fouet d’un commandeur !

Dans une autre occasion, Mungo Park, racontant comme il a vu à Jumba chez les Feloofs un frère venir plein de joie au devant d’un frère absent depuis quatre années, et une vieille mère aveugle toucher les bras et le visage de cet homme avec une tendre anxiété, ajoute : « Je sentis alors que si la nature a mis quelque différence entre les hommes dans la conformation du visage et la couleur de la peau, elle n’en a mis aucune dans l’expression des sentiments naturels qu’elle a déposés au fond de tous les cœurs ! »

Nous ne pouvons résister au plaisir de citer un épisode délicieux du voyage du major Denham, qui rentre tout-à-fait dans l’idée que vient d’exprimer Mungo Park. Au milieu d’une expédition que le major fit dans le Mandara, il s’arrête à Yeddie, petit village près de la ville d’Angornou. On entoure sa case comme à l’ordinaire, mais il n’y laisse entrer que trois ou quatre femmes à la fois. « J’en vis près d’une centaine ; il y en avait de très-jolies et d’une naïveté char-