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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/59

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les villages du pays de Wallo, rive gauche du Sénégal, on rencontre plus de Nègres sachant lire et écrire l’arabe, qui est pour eux une langue morte et savante, que l’on ne trouverait dans nos campagnes de paysans sachant lire et écrire le français. Ces Nègres, lorsqu’ils s’abordent, ne se demandent des nouvelles de leur santé qu’après celles de leur âme. — Êtes-vous en paix ? est une question qu’un Noir Ghialof adresse toujours à son ami avant notre Comment vous portes-vous ? Ils ont les équivalents de nos bonjour, bonsoir, bonne nuit, et, de plus, ils ont une formule intermédiaire que l’on pourrait traduire par : bon midi, bon milieu du jour[1]. Certes, voilà des gens passablement policés pour des êtres que l’on ne supposait propres qu’à faire des esclaves ! Je pense devoir comparer les Nègres, que j’ai vus de près et longtemps, avec les paysans de plus d’une province de France. Blancs et Noirs, dans un état social pareil, ont un caractère pareil ce sont, quoi qu’on en puisse dire, les mêmes qualités

  1. Mungo Park nous dit la même chose.