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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/90

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Car elle seule était pour moi
Verdure, grâce, fraicheur, horizon !

Ô vaines ombres du plaisir,
En vain vous brillez, si dans ses fers
Mon mal m’étouffe le cœur.
Mes peines amoureuses
Mes chaînes d’esclave

Me condamnent à la douleur, aux pleurs éternels !
Je soupire, je crie… mais ne me console pas !
Volent donc mes plaintes de la forêt à la montagne.
Chantons, Muse, un lamentable chant.


C’est dans l’esclavage que Juan Francisco a écrit ces vers, que nous avons tâché de traduire mot à mot, mais dont il nous est impossible de rendre la charmante douceur espagnole. Quelques personnes éclairées lui ont procuré les moyens de se racheter ; il réside maintenant à la Havane. Les écrivains de l’Aquinaldo daignent associer ses élégantes poésies à la leur ; mais il ne lui sera pas plus permis qu’à tout autre Noir de se présenter en voiture à la promenade publique ; s’il veut aller au théâtre, où peut-être on jouerait une pièce de lui, il ne pourra, même pour son argent, s’asseoir au Patio ; il lui faudra prendre une place loin des Blancs, pour que ce