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Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/91

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vil Nègre ne les souille pas jusques à l’église, dans le temple du Dieu humble, il sera obligé, comme tous ses frères Noirs ou Mulâtres, esclaves ou libres, de rester sur les bas côtés, et ne pourra venir sous la nef ni près du chœur. On a peine à croire cela, et pourtant cela est vrai, et encore la Havane est le lieu du monde où les esclaves sont traités avec le plus d’humanité[1] ! Il n’est aucun moyen d’avilir une race qui n’ait été inventé et appliqué dans les colonies contre les Nègres. À Batavia, il ne leur était pas permis de porter des chaussures, autre part de marcher sur les trottoirs. Une loi de la Caroline prononce une amende de 100 liv. sterl. contre celui qui leur apprendrait à lire. Peu s’en faut qu’on ne leur défende, comme les Lacédémoniens à leurs ilotes, de répéter les belles

  1. M. Mollien, dans le mémoire cité plus haut, avance qu’à la Havane on ne reconnaît qu’une distinction, celle de libre ou d’esclave, et que les noirs libres sont partout considérés comme les blancs. À moins que la législation et les mœurs havanaises aient changé depuis l’année 1828, nous attestons formellement le contraire, nous qui avons vu de nos yeux ce qu’on vient de lire.