Aller au contenu

Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux abandonner leurs établissements et leurs moissons plutôt que de se soumettre. Pour se protéger contre leurs entreprises, on fut obligé d’enfermer la colonie dans une ligne de fortifications qui s’étendait sur une longueur de vingt-deux lieues à travers bois, marais, collines et bas-fonds. En 1795, dans une nouvelle expédition où ils furent vaincus, on détruisit plusieurs des établissements formés par eux dans les bois, et comme il en restait un à trouver, on essaya d’en obtenir le secret par des tortures infligées aux prisonniers. Tous supportèrent les tourments et

    force, avec un emportement que nous sommes loin de critiquer, l’exercice d’un droit qu’ils n’estimaient point qu’aucune circonstance pût leur ravir, ces radicaux disaient que les esclaves (des esclaves !) étaient dans une condition moins malheureuse que celle de beaucoup d’Européens qui sont libres ou croient l’être. Ils ne trouvaient pas en eux assez de blâme contre cette sorte de monomanie négrophilique que ses sectaires parent du nom de philanthropie ! Voyez si l’esclavage ne doit pas dégrader l’esclave, quand il corrompt chez les maîtres jusqu’aux esprits les plus généreux ! Certainement, si vos Nègres étaient bien nourris, bien traités, nullement écrasés de travail, piochant la terre un certain nombre d’heures, selon leur