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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/128

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un temps donné ; mais il n’a déterminé ni la nature des offenses pour lesquelles cette peine serait infligée, ni le mode de conviction, ni les dimensions du fouet, ni la force du bras qui frapperait. Un maître peut donc, sans sortir des termes du règlement, se livrer à des cruautés effroyables envers chacun de ses esclaves ; car vingt-cinq coups de fouet de charretier, appliqués par des bras vigoureux à un faible enfant, à un malade en convalescence, ou à une femme en état de grossesse, sont plus qu’il n’en faut pour les tuer ; le même supplice infligé à l’homme le plus fort, et répété aussi souvent que le règlement le permet, peut rendre la vie tellement insupportable, que la mort soit considérée comme un bienfait. Ce châtiment d’ailleurs n’exclut pas tous les autres ; la brutalité d’un possesseur d’hommes peut se manifester de mille manières ; elle peut s’exercer par des menaces, par des injures, par des coups, par des travaux excessifs, par l’emprisonnement dans des cachots, et par une multitude d’autres moyens. En supposant qu’il fût possible de calculer mathématiquement la force des coups de fouet qu’un maître peut faire appliquer à un esclave dans un temps donné, on tomberait dans une erreur fort grave si l’on s’imaginait que la cruauté ne consiste