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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/14

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bariser ; quand ils parlent des dépenses de médicamens, de nourriture et d’habillement dont ce nègre est l’objet, on serait presque tenté de croire qu’ils veulent abuser de l’ignorance des Européens. L’entretien complet d’un esclave ne coûte pas plus de 150 fr. par an, non compris, il est vrai, l’intérêt du capital d’achat. La farine de manioc ou l’abondante banane dont tous les frais de sa nourriture, avec une dégoûtante portion de tasao, de morue ou autre poisson salé. Tout son habillement consiste en deux misérables caleçons et deux vestes ou chemises de toile grossière renouvelés annuellement, et plus que suffisans, d’ailleurs pour des hommes qui aiment à rester nus ; enfin, personne ne l’ignore, un nègre de travail bien portant ne vaut pas plus de 2,500 à 3,000 fr., c’est le prix courant ; et pour cette somme un colon peut se passer dans un accès de colère, la fantaisie de tuer un homme ; — nous ruinons bien, dans une course, un cheval de deux mille écus ! — Est-ce nous encore qui apprendrons au monde cet axiome de certains vieux planteurs du bon temps : « Au bout de trois années de travail, un noir est payé, il peut mourir de besoin ou sous les coups !  ! » — Nous ne disons pas qu’un planteur tue un homme par partie de plaisir ; nous disons seulement que cela peut arriver, et que l’état de choses dans lequel un pareil fait peut se passer impunément, est nécessairement mauvais, et doit