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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/146

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nègres exportés d’Afrique annuellement, maintenant, n’est pas au-dessous de celui des mêmes hommes exportés avant qu’il existât des lois prohibitives à ce sujet.

Et cependant, depuis 12 ans au moins, il n’est pas entré un noir de traite dans les colonies anglaises, qui forment une partie considérable de la masse des colonies à esclaves.

D’une autre part, si l’on en croit les rapports officiels des gouvernemens français et anglais, la marine des deux nations n’a cessé d’exercer la surveillance la plus active sur les négriers, et a fait beaucoup de prises.

Quelque surprenant que cela puisse paraître, il n’en est pas moins vrai que la traite des noirs, depuis qu’elle a été abolie par la majorité des nations européennes, est presque aussi étendue qu’elle l’était auparavant.

L’abolition n’a donc été qu’une déclaration de principes appuyée sur des lois impuissantes.

En effet, ces lois, y compris celle du 11 janvier 1831, sont toutes répressives, au lieu de préventives qu’elles devraient être. Il semble qu’elles soient l’œuvre de philanthropes passionnés qui n’ont vu que le nègre arraché de son sol, et le négrier qui le porte à son bord et là lui rive des fers.

Cependant cette question si propre à enflammer les passions, doit, à cause de son importance, être traitée froidement. Il faut enfin détourner nos regards du spectacle affligeant que présente cette cale où gémissent entassés deux ou trois cents nègres, et les porter vers celui pour le compte et par l’ordre de qui marche le navire, vers le planteur, en un mot.

Mais le planteur n’est lui-même que le faible et aveugle instrument de l’intérêt personnel et de l’avarice : il faut actuellement produire 35 % à ses capitaux, comme on va le voir ;