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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/151

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Il croit motiver cette demande sur les considérations suivantes :

Il est généralement admis aujourd’hui que l’ancien système colonial n’est plus en harmonie avec l’ordre nouveau qui s’établit successivement dans les institutions politiques des États européens.

Les rapports de colonie à métropole ne doivent plus se borner à un transport de sucre et de café de la colonie à la métropole, et à un retour de la part de celle-ci à la première, d’une certaine quantité de farine, de vins spiritueux et de vêtemens.

La baisse graduelle des produits coloniaux sur tout les marchés de l’Europe, baisse occasionnée par l’extension et les perfectionnements de la culture, a ôté aux spéculations dont ils étaient autrefois l’objet, leur principal attrait, celui de grands bénéfices obtenus sans peine. Les colonies, réduites au commerce de leurs produits naturels, ont décliné et déclineront jusqu’à ruine complète, si on ne se hâte d’y apporter remède.

Quelques personnes, plus préoccupées du souvenir des sacrifices que les colonies ont coûtés à la France, que de la recherche des moyens de les réparer, ou du moins d’en arrêter le cours, disent : Que nous importent les colonies ? ce sont des grains de sable perdus au milieu de l’Océan ; finissons-en avec elles, et abandonnons-les à leurs propres ressources ! Mais ceux qui envisagent froidement cette question répondent : Les colonies françaises sont des points importans quoique d’une petite étendue, sans se regarder comme entièrement dépendantes de la France, elles considèrent cette nation comme leur protectrice naturelle ; elles y ont toutes des relations d’intérêt et de famille ; elles ne désirent pas l’indépendance absolue. Pourquoi donc trancher violem-