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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/16

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la crainte qu’on nous accusât de vouloir surprendre l’opinion des lecteurs en soulevant leur indignation, ou en excitant leur sensibilité. Nous préférons renvoyer aux récits des voyageurs et aux actes rapportés nominativement par MM. Fabien, Bisette, Santo-Domingo et vingt autres, ceux qui voudraient se faire une idée des horreurs que nous leur épargnons. Disons seulement, pour montrer jusqu’à quel degré de férocité peuvent atteindre les caprices de l’arbitraire, que de malheureux nègres, marrons incorrigibles, ont été vus deux jours accrochés par une côte à un croc de fer, les pieds et la tête pendans vers le sol ! [1]

Mais il ne suffit pas de raisonner sur des faits que l’on peut qualifier d’exceptions, ni de prouver logiquement qu’une chose ne peut être quand elle est. Il faut rapporter dans cette discussion le fruit d’un sérieux examen, et non les probabilités d’une vaine théorie : — la traite et l’esclavage sont depuis trop long-temps le sujet de déclamations philanthropiques sans résultat. — Il est facile d’exciter en Europe la commisération des assemblées législatives sur le sort des nègres, et de les entraîner parfois, sous l’influence d’un mouvement oratoire, à formuler dans quelques articles improvisés en façon de loi, leur sensibilité du moment ; mais que

  1. Voyage à Surinam, par Stedman.