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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/22

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CHAPITRE III.

L’esclave n’a aucune garantie contre la cruauté de son maître.

On sait, et nos adversaires sont presque disposés à en convenir, on sait que les planteurs, après avoir calculé qu’en forçant leur culture ils perdraient tant de nègres, mais feraient tant de sucre de plus, n’ont pas hésité à sacrifier les nègres. — S’il existe encore de ces hommes, comment seront-ils punis ? qui les poursuivra, qui fournira les preuves de leur forfait ? — personne. — Où pourra-t-on en saisir les insaisissables traces ? — nulle part. — Il faut donc l’avouer, le crime qui révolte la plupart des colons eux-mêmes peut encore se commettre impunément ; et, quoiqu’ils en répondent, je les défie de me citer plus de dix exemples, peut-être, où l’autorité coloniale ait puni autrement que par deux ou trois mois de prison le meurtre d’un noir par un blanc. Dans quelques colonies, lorsqu’un maître est convaincu par la clameur publique de trop maltraiter ses esclaves, il lui est interdit d’en avoir ; voilà toute la vengeance qu’obtiennent les nègres, le seul châtiment que reçoivent leurs assassins, et nous laissons à penser ce qu’il faut d’atrocité pour soule-