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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/23

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ver la clameur publique au milieu d’hommes qui châtient la moindre faute par le fouet.

Le planteur, maître souverain sur son habitation, est là, tout à la fois, accusateur, juge et bourreau. Personne n’a le droit de lui demander compte, il est tout-puissant ; l’administration elle-même, imbue des préjugés coloniaux, ne veille pas à l’exécution du peu de lois faites en faveur des esclaves ; et celui d’entre eux qui aurait le malheur de porter plainte, pauvre, isolé, faible et méprisé, serait sûr d’avance de succomber en justice devant son redoutable adversaire, et d’expier bientôt sous un joug rendu plus cruel l’insolence de son inutile tentative.

Les articles de lois qui favorisent les colons sont rigoureusement exécutés ; mais les rares dispositions où le législateur paraît s’être souvenu des esclaves, ne sont pas moins outrageusement méconnues par les maîtres que scandaleusement négligées par les autorités.

Tous les écrivains qui ont traité cette question en fournissent d’effroyables exemples. Morenas dit « que l’administration de la justice aux colonies n’est qu’un abus effréné de l’arbitraire le plus révoltant ; » et M. Dufau fait remarquer que les ordonnances de Louis XVI, dont l’exécution tendrait à rendre le sort des esclaves moins misérable, ne sont pas même insérées dans le Code officiel de la