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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/27

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CHAPITRE IV.

De la mortalité des esclaves.

Nous avons dit tout à l’heure que la traite se faisait encore : nous ajouterons que sans elle les colonies, telles qu’elles sont organisées, périraient bientôt faute d’esclaves.

L’esclavage dévore les hommes, et, bouleversant toutes les lois de la nature, il tarit le cours des générations : — l’esclavage, c’est la mort.

Lorsque Pitt demanda l’abolition de la traite à la Chambre des communes en 1788, les marchands de Liverpool, alors grands négriers, s’y opposèrent, en alléguant pour raison que l’intérêt des colonies anglaises exigeait qu’on y maintînt une population de 410,000 esclaves, et que la fixation de ce nombre rendait nécessaire, chaque année, l’introduction de 10,000 nègres nouveaux. Il est, en effet, mathématiquement reconnu qu’une habitation perd de cinq à sept pour cent de noirs par an[1]. Ainsi une propriété de 200 nègres et négresses, y compris les enfans qui pourraient en naître, s’étendrait d’elle-même au bout de qua-

  1. Humbolt, Billiard, Dauberteuil, Malenfant, Abott, etc.