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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/3

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droits ; les esclaves seuls, les esclaves dont la vie et l’avenir pèsent dans ces débats, n’ont pas de représentans. La partie est trop inégale, les moindres notions de justice y sont violées avec le plus inconcevable mépris, et en définitive c’est la liberté des nègres qui sert d’enjeu.

J’ai vu cela, et malgré ma faiblesse je me suis fait le champion du faible, du paria.

Heureusement le sens commun et la vérité sont pour nous.

Je ne me suis point dissimulé en écrivant le long et monotone travail offert ici à mes concitoyens, que tout ce que j’allais dire avait sans doute déjà été dit, à peu de choses près, sous des formes plus ou moins variées. Venant après tant d’autres écrivains, je n’aurais pas dû peut-être garder l’espoir de me faire écouter ; mais les hommes pour lesquels je demande des institutions vivent à quinze cents lieues de la France : leurs cris, quelque déchirans qu’ils soient, s’élèvent de trop loin pour arriver jusqu’à nous. Ils sont abandonnés, oubliés ! Ce n’est qu’en prouvant encore la nécessité de les secourir, qu’on peut rappeler sur eux la pensée du législateur.

Mon excuse est là.

Je sais que l’abolition de l’esclavage pouvait se rattacher et se rattache effectivement à une question de haute politique, la liberté illimitée du