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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/4

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commerce. Mais nos hommes d’état étant trop occupés de leurs petits intérêts pour s’occuper des grands intérêts sociaux, il devenait inutile de parler en ce sens. Je n’ai pu raisonner que dans l’hypothèse que tout ce qui est aujourd’hui sera encore long-temps. Les bourgeois ont fait leurs affaires eux-mêmes en 89, et ils ont vaincu ; le peuple en 1830 a remis les siennes à des procurateurs, et on l’a volé, cela devait être. Puisse cette fois la leçon profiter ! En attendant, c’est aux procurateurs que je m’adresse, et l’on comprendra sans peine pourquoi je ne leur parle pas d’avenir : l’avenir n’est pas à eux.

S’il faut l’avouer, d’ailleurs, nous pensons que la liberté du commerce, comme toutes les grandes améliorations sociales, ne sera jamais décrétée par un corps, quel qu’il soit, institué pour maintenir ce qu’on appelle l’ordre ; elle sera le résultat de quelque futur incident révolutionnaire que j’appelle du reste de tous mes vœux. M’inquiéter des renversemens de fortune et des banqueroutes qui pourrons s’ensuivre, n’est pas plus mon affaire, qu’en 89 s’inquiéter des intérêts de la noblesse et du clergé n’était l’affaire du tiers-état ; que maintenant s’inquiéter de ce que feront les gens d’église sans la dîme, n’est l’affaire des Irlandais. Si l’on vient me dire que j’en parle à mon aise, que je n’ai rien à perdre et tout à gagner, je répondrai que