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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/33

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dont l’une est meublée en acajou. Nous savons bien que l’esclave, propriétaire d’un de ces appartemens, appelé par M. Le gouverneur, et questionné sur l’importance des économies qu’il pouvait avoir faites, énuméra pour quinze ou dix-huit cents francs de possessions. — et cependant nous n’en demeurons pas moins convaincu que ces esclaves qui ont des appartemens de deux pièces, avec des glaces, des meubles en acajou et des montres d’or, qui sont enfin dans une aisance bien supérieure à celle d’un employé européen, aux appointements de deux ou trois mille francs, inspirent encore, malgré tout cela, aux cœurs que l’égoïsme n’a pas entièrement desséchés, une pitié si vive, que le dernier des valets de M. Dupotet ne voudrait pas changer de sort avec eux.

« Les nègres, dit encore notre optimiste, commencent d’ordinaire le travail au jour, et finissent à six heures du soir. Ils ont une heure le matin pour déjeuner, et deux heures après-midi pour dîner. Dans les quatre mois de la récolte, ils travaillent davantage ; ils veillent quelquefois jusqu’à huit heures du soir ; mais le sirop qu’on leur donne, et le vesou qu’on leur distribue les dédommagent amplement. Cette époque ressemble constamment à une fête : c’est absolument comme le temps des vendanges en France. »

Il faut être étrangement fasciné pour prendre