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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/40

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pas de mendians dans les colonies : n’est-ce pas comme si nous allions nous féliciter, nous, de ne voir ni chevaux ni bœufs errans chercher leur pâture au milieu de nos rues ? — À chacun les charges qu’il accepte. — M. Lacharrière assure que le maître est la seconde Providence de son esclave, et, pour témoigner de la sollicitude de cette Providence, il dit que lorsqu’un noir est frappé, son propriétaire le venge souvent dans le sang de son agresseur. Eh mon Dieu ! c’est ce que nous faisons tous pour notre chien, s’il arrive qu’un étranger le touche méchamment de sa canne ! Vous vous coupez la gorge avec un homme qui déplace votre chapeau au théâtre, et vous venez vous vanter de vous battre contre celui qui maltraite votre esclave ! Allons donc, M. de Lacharrière, cela montre que vous êtes un homme de cœur, mais non pas que vous êtes une seconde Providence ! Quand on a votre talent, on peut se dispenser de pareils raisonnemens ; vous vengez votre esclave parce qu’il n’a pas le droit de se venger lui-même.

On s’étonne que je me plaigne de voir les esclaves femelles occupées aux champs comme les mâles, parce que, dit-on, il en est de même en Europe. Oui, nos femmes travaillent à la terre ; mais elles y font seulement certains ouvrages appropriés aux forces de leur sexe, tandis que sur les habitations elles sont mêlées indistinctement avec les ouvriers,