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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/45

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le gouverneur lui-même qui se porte répondant de nos réfugiés.

À m’entendre citer aussi fréquemment les bienfaits introduits par nos voisins dans leurs possessions d’outre-mer, on doit voir que je ne partage point l’opinion de ceux qui accusent leur humanité d’hypocrisie. — Le gouvernement britannique a fait long-temps de pénibles efforts avant de céder aux instances des philanthropes qui prêchèrent individuellement en Angleterre l’émancipation progressive des esclaves. Chaque ministre, à son tour, repoussa d’année en année les propositions de l’infatigable Wilberforce, appuyées aussi d’année en année par ses collègues de la chambre des communes. Des sociétés considérables et des journaux périodiques, uniquement occupés d’arracher les malheureux nègres à leur infortune, luttent à Londres, depuis un siècle, contre les partisans de l’esclavage. — Comment donc trouver ici une arrière-pensée chez les Anglais ? Ils ont au moins autant d’intérêt que nous à conserver leurs colonies, et, pour ne pas dire autre chose, ce serait une bien folle conception à prêter à des hommes raisonnables, que celle qui leur ferait voir, dans le sacrifice de possessions florissantes, l’obligation pour nous d’abandonner les nôtres, et la certitude de nous vendre ainsi plus tard les produits des Indes au prix qu’il leur plairait d’imposer.