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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/46

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Convaincus nous, au contraire, que les hommes de nos climats peuvent travailler à la culture sous les tropiques, nous pensons que l’extinction de l’esclavage, loin de nuire à nos colonies, leur serait profitable, en ayant pour premier résultat d’y attirer le concours de travailleurs européens, et, au lieu de nous livrer à la merci des Anglais ou des Américains du nord pour les denrées coloniales, nous mettrait peut-être à même de rivaliser avec eux de bas prix. Au surplus, pour redouter l’exigence de nos voisins dans le cas où des circonstances qu’on ne peut même prévoir ni supposer, entraîneraient la perte de nos colonies, il faudrait, sans parler des ressources certaines que nous offriraient Alger, Cuba et l’Amérique du sud, il faudrait être sûr que la Grande-Bretagne conservera toujours sa domination dans les Indes, et pourra toujours supporter les frais énormes que lui coûte cet empire[1] ; il faudrait enfin ne pas croire, comme nous, à cette éloquente prophétie de M. Pagès :

« Les Anglais, si habiles dans la science que Machiavel fonde sur les sermens et les parjures, ont perdu les États-Unis… C’est en vain qu’on les voit, dans l’Inde, diviser pour régner, isoler pour détruire, enrégimenter des Indiens

  1. On dit que la Compagnie des Indes doit plus de quatre-vingt millions. Son privilège expire en 1834.