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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/50

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peut enlever un enfant à sa mère avant l’âge de dix ans, on ne peut non plus séparer les époux légalement unis ; mais dans cette colonie même, la plus humaine et la plus civilisée de toutes les nôtres, les mariages légaux entre esclaves sont excessivement rares.

J’avais écrit encore : « Le mélange des sexes produit un concubinage affreux, sur lequel les planteurs ferment les yeux parce qu’il les enrichit. » La personne qui a bien voulu me réfuter soutient que le libertinage n’a point un tel résultat, et elle se fonde sur ce que les filles publiques en Europe sont les femmes qui produisent le moins. Faut-il encore me plaindre d’être aussi mal compris ? Tout le monde sait comme moi que les négresses d’une habitation ne font pas et ne trouvent pas à faire le métier de filles publiques ; elles se livrent seulement avec dévergondage aux plaisirs brutaux qui sont les seuls qu’elles puissent avoir, comme ces petites ouvrières de nos grandes villes que la misère pousse au vice ; et l’on m’accordera, je pense, que ces malheureuses, malgré leurs funestes précautions, ne forment pas la classe la moins féconde des femmes de France[1].

  1. Cet état de choses, qui ne fixe pas assez l’attention des gouvernemens européens, mérite de longs développemens, auxquels je me sentirai la force de me livrer un jour : — ce n’est pas