Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au reste, que les négresses produisent ou ne produisent pas, que ce concubinage enrichisse ou n’enrichisse pas le maître, on reconnaît qu’il existe ; comment alors peut-on nous reprocher d’être injuste lorsque nous en accusons les propriétaires ? Sans doute, ils n’ont pas le droit de s’immiscer dans les affections de leurs esclaves ; mais leur qualité d’homme et de chef leur impose le devoir de ne point entretenir au milieu de leurs nègres, par une coupable indifférence, l’absence de toute idée morale, de ne point leur enlever tout sentiment d’homme pour n’en faire que de vils animaux de travail. — L’homme seul est naturellement porté au bien ; des hommes réunis sont

    ici le lieu — Il me sera facile d’établir alors que nos lois et nos gouvernans sont proportionnellement plus coupables envers le peuple que les maîtres ne le sont envers leurs esclaves. Le spectre affamé des ouvriers de Bristol et de Lyon s’est levé pour dire là où était le mal ; et l’on a méprisé la prophétie. Il se pourrait bien cependant que 89 et 1830 ne fussent que les escarmouches de la grande bataille, de la guerre d’extermination que les pauvres feront aux riches. Il y a du sang dans l’avenir, si nos aristocrates d’argent et d’habileté persistent dans leur égoïsme. Elles ne devraient pas oublier combien celle de la naissance paya chèrement sa dette en 93. — Que l’amélioration morale et physique de la classe la plus pauvre et la plus nombreuse devienne leur unique pensée, ou elles auront un comte terrible à rendre de tous les bénéfices sociaux qu’elles monopolisent.

    Mais il faudrait peut-être des remèdes héroïques pour cicatriser les plaies auxquelles nous faisons allusion, tandis qu’on peut dans secousse guérir celle qui nous occupe