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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/6

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espérais de l’avenir, je n’aurais pas veillé bien des nuits pour faire ce gros livre.

Encore un mot.

Il est des gens qui s’étonneront de mon dévouement aux nègres. Renfermés dans leur égoïsme, ils ne comprendront pas ma sollicitude pour une cause dans laquelle je n’ai aucun intérêt personnel, et, comme tous les hommes de mauvaise foi du jour, ils ne manqueront pas de me prêter quelque sotte passion de désordre. Qui expliquera, diront-ils sans doute, comment il se fait qu’on ait le cœur ouvert à la pitié seulement pour les esclaves africains ? Les paysans russes ne sont-ils pas une sorte de bétail attaché au sol ? les juifs ne vont-ils pas par la terre acheter des hommes et des femmes pour le service et les plaisirs des Turcs ou des Persans ? et cependant les négrophiles se taisent ! Quand on montre au loin cette légende, Humanité, il faudrait donner plus d’extension à sa pensée, et n’en pas comprimer les élans dans un cercle invariable.

À ceux qui tiendront ce langage, voici ma réponse : Je demande, je veux que l’on recrépisse notre chaumière, parce qu’il me paraît que j’ai droit de le demander et de le vouloir. Si j’allais exiger que mon voisin fît comme moi, il me mettrait justement à la porte. Tout ce que je pourrais faire, lorsqu’à force de cris et de remontrances