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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/63

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un véritable commerce d’hommes. — C’est depuis cette époque seulement qu’il y a sur les côtes d’Afrique des facteurs, des courtiers, qui font métier d’acheter d’avance des esclaves qu’ils gardent en magasin, jusqu’à l’arrivée de nos traitans ; des Africains qui enlèvent leurs compatriotes au milieu des bois et sur les routes pour aller les vendre ; des joueurs qui jouent leur personne et celle de leur femme ; des rois despotes, comme ils le sont tous, qui punissent le moindre délit par la perte de la liberté, et qui se livrent des batailles inutiles, où l’avantage de gagner un prisonnier coûte la vie à deux ou trois combattans : le grand nombre de prisonniers, remarquons-le bien, est le but de ces batailles ; et il est faux de dire que les négriers sauvent la vie des vaincus, lesquels autrement seraient tués et mangés.

Frossard, dont je ne saurais trop souvent invoquer le témoignage, fait observer en effet que, pendant la guerre de 1777 à 1780, l’Europe n’ayant pu se livrer à la traite, les exactions et les massacres cessèrent à la côte d’Afrique, et il ajoute : « Quelques apologues de la traite prétendent que la plupart des nègres transportés de la Guinée dans les îles, sont des prisonniers de guerre ; mais, si cela était, la plupart des esclaves embarqués auraient des blessures récentes ou invétérées. On n’en voit cependant que très-rarement