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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/62

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CHAPITRE IX.

Ce sont les Européens qui ont entretenu la barbarie en Afrique.

Nous venons de faire voir que les nègres ne sont pas aussi misérables chez eux que leurs ennemis le prétendent ; il nous sera facile de prouver maintenant que c’est à l’Europe, et non au Créateur, qu’il faut attribuer l’état comparativement sauvage dans lequel ils vivent encore.

Avant que les noirs eussent appris de nous à vendre leurs prisonniers, les négriers descendaient au milieu de la nuit sur la côte, et les enlevaient à main armée de leurs tranquilles cahutes ; mais le butin devenant de plus en plus rare, il fallut séduire ces malheureux par l’appât d’un abominable gain : on s’assurait ainsi de ne jamais manquer de marchandise ; et, moyennant un chapeau ou une bouteille d’eau-de-vie pour un homme de vingt-cinq ans, on mettait le bon droit de son côté. Je dois ajouter cependant que, l’espèce étant très-demandée, le prix du nègre augmenta rapidement, et monta bientôt d’une douzaine de boutons d’habit à la somme de quatre à cinq cents francs. Alors on vit se régulariser, sous l’influence européenne,