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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/70

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et plus adroit que lui, viendrait lui dire : « Tu es un paresseux, un idiot ; tu bois ton eau, tu manges tes chardons depuis long-temps : donc l’esclavage sera un bienfait pour toi. Je pourrais bien t’instruire, je pourrais t’ouvrir les trésors de science que m’ont transmis nos pères, et te faire comprendre le prix de la civilisation ; mais il me faut des bras pour cultiver mon champ qui me fatigue ; il en faut aussi pour me bercer dans mon hamac : viens, malheureux, et travaille ! Travaille, je le veux, sinon je suis plus fort que toi, je te battrai, et si tu résistes je te tuerai. » — Voilà pourtant la logique des partisans de l’esclavage ! — Oh ! laissez-les parler, ils vous prouveront bientôt que c’est pour le bonheur des habitans de la côte d’Afrique, que nous en faisons des esclaves, que nous les poussons à la guerre en achetant leurs prisonniers, et que nous avons porté le pillage et la désolation sur leur terre. Ils vous prouveront que si, au lieu de partager avec eux les bienfaits de notre expérience, nous leur avons vendu des armes à feu pour se détruire, et de l’eau-de-vie pour s’enivrer, c’est par respect pour le nom d’homme et par amour pour l’humanité ! M. F. P. vous le dit dès aujourd’hui : « L’esclavage est un fardeau pour le maître ; il a mille chances fatales ; et l’unique avantage qu’en tire le planteur, est le droit