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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/75

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À ceux qui sont de cet avis, nous opposerons la colossale révolution de Saint-Domingue[1]. Jamais le système cranologique de Gall ne pourra empêcher que les noirs n’y aient fait éclater toute la valeur, toutes les ressources d’esprit, tout le génie des cerveaux les mieux placés, des hommes les plus blancs, les plus braves et les plus civilisés. J’opposerai encore la guerre d’Haïti qui coûta trente mille soldats à la république française. Si M. F. P., qui m’a fait l’honneur de répondre à mon premier travail, consent à se reconnaître, devant tous nos lecteurs, une intelligence supérieure à Toussaint-Louverture qui ne savait pas lire, je lui donne dès ce moment gain de cause ; mais qu’il me soit permis jusque-là de n’abandonner à cet antagoniste aucun de mes avantages, et de me fortifier encore des contradictions auxquelles la défense d’un faux principe entraîne son adresse.

À l’en croire d’abord, les nègres sont indignes de la liberté ; l’esclavage est un bienfait pour eux.

  1. Qu’on ne nous reproche pas de citer la révolution de Saint-Domingue : tout en l’approuvant dans son principe, tout en l’admirant comme une œuvre gigantesque, je ne célèbre point les crimes qui ont pu souiller cette conquête de la liberté et de la force brutale sur la tyrannie et l’astuce ; mais quelle nation oserait lui jeter la première pierre ? N’avons-nous pas nous la Saint-Barthélemy, les Cévennes, et sans remonter si loin, ne trouverons-nous pas dans les faits contemporains des férocités tout aussi odieuses ?