Aller au contenu

Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

radicale, quoique cimenté par des centaines d’actes, de rois et de parlemens.

La liberté individuelle est antérieure à toutes les lois humaines, elle fait corps avec nous, et aucune puissance imaginable ne peut consacrer la violation de ce principe naturel. — L’homme a le droit de reprendre par la force ce qui lui a été enlevé par la force, l’adresse ou la trahison, et pour l’esclave, comme pour le peuple opprimé, l’insurrection est le plus saint des devoirs.

Toute fondée, néanmoins, que soit notre conviction, tout pénétrés que nous soyons de l’excellence du dogme que nous venons de professer, ce n’est pas dans ces débats que nous avons jamais prétendu à en être les apôtres, et pourtant on nous crie toujours : « Est-ce donc la ruine ou le massacre des blancs que vous voulez ? L’émancipation des noirs serait le signa d’une boucherie générale. » Oui, sans doute, les blancs seraient vite sacrifiés ; nous ne l’ignorons pas, si l’on s’en allait un matin, criant par les colonies et les Indes : « Esclaves, vous êtes libres ! » car chacun d’eux aurait à venger la mort d’un frère, la vente d’un fils, le viol d’une sœur, le rapt d’une femme, et tout le sang de leurs maîtres ne suffirait pas à laver tant d’offenses bar-