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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/80

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leur perspicacité. Seulement, comme les philosophes et les académiciens, de quelque couleur qu’ils soient, ont toujours la manie de vouloir tout expliquer, même ce qui n’est pas explicable, ceux d’Auxuma constatèrent qu’il y avait eu deux créations d’hommes, à de longs siècles d’intervalle. Dans la première, Dieu s’était complu à faire le nègre éthiopien avec de gros et forts cheveux laineux, pour lui mettre la tête à l’abri du danger, et de bonnes lèvres épaisses, type éternel du vrai beau ; dans la seconde, la puissance de l’ouvrier ou la qualité de la matière défaillant, il n’avait pu produire que l’homme blanc, avec sa couleur pâle, ses cheveux plats et ses lèvres rétrécies.

Arrivés au point où nous en sommes, la question de fond est décidée depuis long-temps : — Le nègre naît essentiellement libre, puisque les hommes ont fait de la liberté un de leurs attributs primitifs ; — le pacte même qui l’aurait fait esclave est illégal, puisqu’il n’a pas été réciproque, et qu’on ne lui a rien donné en échange de sa personne ; le droit du premier propriétaire était par conséquent nul, comme étant établi par la force contre le principe, et celui du propriétaire actuel est également sans valeur, comme n’ayant pu lui être transmis qu’entaché de nullité