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Page:Schœlcher - De l'esclavage des Noirs, 1833.djvu/84

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un si grand nombre, qu’il est impossible que cela n’arrive pas.

« Une minute passée dans la chambre des esclaves pendant la traversée, dit Shanfield, servirait mieux la cause de l’humanité que toute l’éloquence du sénat britannique. »

J’ai lu dans un rapport fait, il y a huit ou neuf mois, au ministre de la marine française, sur le naufrage d’un négrier échoué à la côte du Diamant (Martinique) : « Il n’y a eu que peu de noirs sauvés, parce qu’ils étaient tous accouplés avec les fers aux pieds, et enfermés dans la cale lors du naufrage. »

La mer vomit le lendemain sur la rive plus d’un double cadavre !

Redisons-le donc, sans jamais nous lasser, il faut abolir la traite ! mais prétendre le faire par des lois spéciales, empressons-nous de l’avouer, c’est former un espoir chimérique. Elles auront le sort des lois somptuaires de tous les temps et dans tous les pays ; elles ne seront pas exécutées. — À quoi bon inventer des peines et des supplices pour les négriers ? — En sommes-nous à apprendre que dans une question où il y a à combattre le plus sordide intérêt, c’est à cet intérêt seul qu’il faut s’attaquer ? — La loi rendue dans la dernière session par nos deux Chambres n’atteint nullement ce but : elle est illusoire, et ne