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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/14

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publiées en 1834, sur cette affaire, par M. Gatine, avocat à la Cour de cassation :

« Cent soixante-treize individus mis en inculpation ;

« Quatre-vingt-sept renvoyés devant les assises, subissant des débats de trente jours, et pendant tout ce temps traversant la ville de Saint-Pierre menottes, attachés avec une corde qui passait du premier au dernier, environnés de la force armée, au milieu des cris de joie des blancs.

« Puis au jour suprême, en un seul jour, par le même arrêt :

« Quinze condamnés à mort ;

« Six aux travaux forcés à perpétuité ;

« Vingt-cinq jouissant du bénéfice de l’art. 100 du Code pénal, comme l’a dit M. le procureur général Nogues, c’est-à-dire exclus à perpétuité de la colonie, arrachés pour toujours à leur pays, à leurs femmes, à leurs enfants !

« Le reste, ou condamnés à mort par contumace, ou placés sous la surveillance de la haute police ; tous ruinés par la captivité, la séquestration de leurs biens et les frais énormes du procès.

« Une commune entière dépeuplée par la justice ; ceux qui n’ont pas été frappés personnellement obligés de s’expatrier ; les familles fuyant aux îles étrangères devant la terreur qui désole leur pays ; une mère, une malheureuse mère, restée seule avec ses huit enfants, veuve de son mari, Léandre Barthélémy, condamné à mort par contumace ; veuve de son fils aîné, Barthel, condamné à mort ; veuve de son second fils, Saint-Rose, mort dans les prisons ; veuve de son père, Misely, condamné à mort par contumace ; veuve de son neveu, Laville, fusillé lorsqu’il cherchait à fuir !

« Voilà la statistique effrayante que put dresser M. le procureur général Nogues, en transmettant les pièces en France.

« Faut-il, pour ajouter encore à ce tableau de désolation, rappeler les exécutions militaires qui suivirent l’arrestation de tous ces malheureux ? Huit d’entre eux percés de balles à travers les grillages de leur prison, sur l’habita-