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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/15

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tion Bonafon ; la famille Maurice, fusillée le 3 janvier ou égorgée à la baïonnette dans son domicile, pour avoir refusé de l’ouvrir pendant la nuit à la force armée ; partout des actes de violence contre les personnes et les propriétés des mulâtres ; partout l’anathème aux vaincus, le væ victis des barbares et des sauvages.

« N’oublions pas, continue plus loin M. Gatine, que le but du complot annoncé à chaque page de l’accusation était de massacrer toute la population blanche et de faire de la Martinique un nouveau Saint-Domingue. Eh bien ! le seul quartier de la Grand’-Anse s’est levé, et dans le cercle étroit où l’insurrection s’est circonscrite, maîtresse du pays pendant trois jours, armée pour un massacre général, pas un blanc n’a péri ! pas un n’a été tué, ni blessé ! »

On le voit, l’histoire coloniale est riche en inventions de complots et en supplices. C’est pourtant avec des antécédents de ce genre qu’une faction, qui n’a rien appris et rien oublié, ose porter d’exécrables accusations contre les émancipés de 1848, traite de barbares les noirs et les mulâtres, dit que nous avons du sang aux mains et au front, et prétend représenter la civilisation !


§ 3. — l’autorité est la première à propager l’idée de l’existence d’un complot.


Quelque monstrueux que cela paraisse, ce qui se comprendra moins encore, c’est que le gouvernement de la Guadeloupe ait contribué à accréditer les hideux mensonges de ces contempteurs de la liberté. Comment n’a-t-elle pas été éclairée par les enseignements du passé ? L’exaspération politique explique peut-être la polémique furibonde des organes des préjugés qui ont survécu à l’esclavage, mais la conduite des fonctionnaires coloniaux, à la suite des événements de Marie-Galante, comment l’expliquer ? Que l’on en juge sur pièces.

Le rapport suivant, inséré par M. Blanc, directeur de l’intérieur, et M. Favre, gouverneur, dans la Gazette du 6 juillet, montre quels sentiments les animaient. Ce rapport