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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/16

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est la première pièce officielle des procès de tendance faits à la majorité électorale ; c’est la base des accusations répétées par les journaux honnêtes et modérés de France. Voici comment il y est rendu compte des événements :

« C’est à la mairie du Grand-Bourg (campagne), sur l’habitation et dans la maison du maire, servant de maison commune et de lieu de réunion pour le collège électoral, que les désordres ont éclaté. Le dimanche 24, jour de l’ouverture du scrutin, tout s’était passé avec calme et tranquillité. Le lendemain 25, la plupart des électeurs qui avaient voté la veille se rendirent de nouveau à la réunion électorale. Ceux qui n’avaient pas encore voté déclaraient qu’ils ne déposeraient leurs bulletins qu’à l’arrivée de leur chef. Dès que l’individu qu’ils désignaient ainsi parut au milieu d’eux, il fut entouré par un groupe considérable. Sur la dénonciation des manœuvres auxquelles il se livrait, le maire ordonna son arrestation. »

Après avoir avancé « que les cultivateurs n’attendaient qu’une occasion, le rédacteur officiel fait le récit de leurs tentatives pour obtenir l’élargissement du prisonnier, et termine ainsi :

« Les révoltés, voyant qu’il leur était impossible d’entamer les troupes, prirent la fuite. On vit alors simultanément, sur divers points de l’île, surgir une multitude de malfaiteurs armés de piques semant partout l’incendie, le pillage et la dévastation.

« Tout porte à croire que la révolte était organisée de longue main, et que les élections n’en ont été que le prétexte. Il faudrait chercher la véritable cause de ces déplorables malheurs dans les funestes doctrines propagées parmi les noirs. C’est en faisant luire aux yeux de ces malheureux la coupable espérance du partage des terres qu’on est parvenu à exciter en eux toutes les mauvaises passions. »

Quoi ! l’autorité elle-même le constate, « tout s’était passé, le premier jour, avec calme et tranquillité, » les électeurs noirs ne se sont émus qu’en voyant arrêter un distributeur de bulletins qu’ils attendaient, et elle vient dire, avant la moindre information : « Tout porte à croire que la révolte était organisée de longue main ! » N’est-ce pas dépasser