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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/25

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raient dans les opérations électorales, et qui y concourraient autrement que par l’émission de leur vote. »

De son côté, dans son rapport au procureur de la République, le maire explique les faits de la manière suivante :

« Le lundi 25, les bureaux se sont ouverts il sept heures du matin. Un grand nombre d’électeurs, parmi lesquels se trouvaient ceux mêmes qui avaient voté la veille, entouraient la mairie ; deux ou trois se sont présentés et ont déposé leurs votes ; puis, personne ne se présentant plus, je suis sorti, et j’ai engagé les citoyens qui n’avaient pas encore déposé leur bulletin à le faire. Le garde champêtre Michel Bacot et le gendarme Caire m’amenèrent alors le citoyen Sans-culotte de l’habitation Beaurenom, qui engageait les cultivateurs à ne pas voter avant l’arrivée de leur chef. Ce fait a été constaté par un procès-verbal. (Quel crime !) Vers dix heures est arrivé le citoyen Jean-François Germain, qui ne faisait pas partie du bureau et qui avait voté la veille. Il a été immédiatement entouré par un groupe considérable, qu’il s’est mis à pérorer dans un but de désordre. Il leur demandait leurs bulletins, les déchirait et leur en distribuait d’autres. (Vous leur en aviez donc déjà distribué, monsieur le maire ?) Le garde Bacot et le gendarme Caire, ayant entendu ses propos séditieux, l’ont arrêté et conduit devant moi. Après avoir dressé procès-verbal de ce fait, j’ai requis de M. Nicolas Hoüelche, capitaine des chasseurs à cheval, deux hommes de sa compagnie et deux gendarmes pour opérer la conduite au Grand-Bourg du citoyen Jean-François. »

Voyons maintenant ce que dit M. François Germain dans son interrogatoire.

« À mon arrivée, j’ai trouvé ces messieurs réunis sur les glacis de M. Théophile Bonneterre. Tous les citoyens sont venus me dire que Bacot distribuait des bulletins Bissette et Richard. Je leur ai dit qu’un garde champêtre n’avait pas le droit de faire de la propagande, et que j’allais me plaindre. Quelques personnes étaient réunies près de moi et parlaient haut. C’est alors qu’on est venu m’arrêter et me frapper. M. Desondes m’a insulté et m’a dit que c’est d’ordre du commandant que l’on m’arrêtait.