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Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/66

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Arsonneau et Jean Pierre, et les renvoie devant les assises de Fort-de-France.

L’arrêt est cassé pour avoir refusé de poser les questions d’excuse légale résultant de provocations par coups et violences envers les accusés, ou de leur retraite à première sommation des autorités, nonobstant les conclusions prises par leurs défenseurs pour que ces questions fussent posées.

Le pourvoi est rejeté à l’égard des autres condamnés, auxquels ne pouvaient profiter les questions d’excuse légale.

Le jugement qui frappe le principal accusé, M. Alonzo, devient ainsi définitif. En effet, acquitté sur seize chefs de complicité dans les divers faits incriminés, il avait été déclaré coupable seulement d’avoir provoqué à la rébellion par machination et artifices. C’est pour ce fait qu’il a été frappé de dix années de réclusion !

M. Alonzo est un grand et noble caractère ; il supportera sa peine avec stoïcisme. L’espoir, d’ailleurs, est au fond de son cœur aussi bien qu’au fond du nôtre.

Les jugements humains sont faillibles, et les grandes réparations consolent les grandes infortunes. L’histoire contemporaine est féconde en exemples de ce genre. Qu’était M. A. Marrast, président de l’Assemblée constituante ? Un ancien condamné à la déportation ! Combien d’hommes, qui sont aujourd’hui revêtus du plus beau titre qui soit dans une république, celui de représentant du peuple, ont été, à différentes époques, atteints par les rigueurs de la loi ! Quand les passions seront apaisées, c’est notre conviction profonde, l’opinion publique ne sera pas plus injuste, pour le condamné de 1850 et plusieurs de ses compagnons, qu’elle ne l’a été pour tant d’autres tombés victimes des discordes civiles.