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Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/48

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aussi. Tout ceci prêtait au ridicule, et la vieille fille a sans doute été seule à s’étonner de voir la jeunesse dorée et la jeunesse cruelle de son temps s’amuser largement à ses dépens.

La fille d’alliance de Montaigne, on pouvait s’y attendre, voulut elle aussi faire des Essais. Autour d’un fait ou d’une idée qui lui sont familiers, elle accumule tous les exemples que lui fournissent ses lectures, tous les souvenirs que conservait sa mémoire précise. Là, comme dans toute son œuvre, nous retrouvons ses préoccupations dominantes. Elle ne se lasse pas de poursuivre les médisants, les brocardeurs, les faux dévots, elle se demande si la vengeance est licite, elle constate une antipathie des âmes basses et hautes et que les grands esprits et les gens de bien s’entrecherchent. Elle examine aussi les vertus vicieuses, les raisons de la « néantise » de la commune vaillance de ce temps. Elle remarque que l’intégrité suit la vraye suffisance. Elle stigmatise l’impertinente amitié et les sottes ou présomptives finesses. Enfin elle a consacré à la défense de son sexe deux petits traités le « Grief des dames » et l’ « Egalité des hommes et des femmes » auxquels il convient de faire une place à part dans son œuvre.

Les essais de Mademoiselle de Gournay ont été écrits sous l’influence directe de Montaigne. Son style et sa pensée sont comme des échos de la pensée et du style de Montaigne. Elle cherche l’expression primesautière et pittoresque et, toutes les fois que la passion l’emporte, elle la trouve. Fidèle aux principes