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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/112

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AVERTISSEMENT
sur la traduction et les notes qui l’accompagnent

La traduction vise à être un décalque aussi exact que possible du texte. Ce texte exprime la pensée d’un esprit vif, plus pressé de communiquer ses idées que soucieux de les mettre au met en leur donnant une forme rigoureusement arrêtée.

Il y a dans le vocabulaire bien des à peu près, allant jusqu’à l’ambiguïté, dans la syntaxe bien des négligences, allant jusqu’à l’obscurité, et dans les développements, tantôt des longueurs, tantôt des raccourcis, d’où résulte que précision et clarté laissent souvent à désirer. Le traducteur français est tenté d’atténuer ces défauts, et de mieux mettre en valeur les qualités d’un style souvent diffus et confus, mais en général expressif, d’accent personnel, parfois éloquent. Ce serait agir selon l’esprit de l’auteur, qui a lui-même senti les défauts d’une rédaction trop peu méditée. Le texte, tel qu’il le réédite sept ans plus tard, en 1806, est très profondément remanié, en grande partie complètement refait. Les modifications correspondent le plus souvent, il est vrai, à des changements de nuances dans la pensée elle-même, mais souvent aussi à de simples repentirs de l’écrivain : dans le premier alinéa, de 31 lignes, il y a 18 corrections de cette dernière nature. À noter en particulier, comme effet d’un propos délibéré, le remplacement d’un grand nombre de mots d’origine ou de physionomie étrangère par des mots allemands ; patriotisme ou purisme, le fait est intéressant pour l’histoire de son esprit comme pour celle de la langue.

Cette première rédaction n’en garde pas moins une exceptionnelle valeur, celle que lui donne sa nature d’expression toute spontanée du jeune génie religieux de Schleiermacher. C’est là que celui-ci prend conscience, en les méditant et les formulant, d’idées et de sentiments qui vont renouveler et enrichir dans bien des âmes et des intelligences la conception même de la religion. Il importe en conséquence, non seulement pour l’histoire, mais aussi pour l’étude de l’esprit humain en soi, en particulier de l’esprit religieux, de suivre cette prise de conscience dans ses péripéties, de saisir l’activité de ce jeune génie dans ses hésitations, ses tâtonnements, ses gaucheries, ses répétitions, ses illogismes, ses contradictions, comme dans la vigou-