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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/13

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franciscaine (Nadler, Literaturgeschichte der deutschen Stämme und Landschaften, 1924, III, 208).

Il est né d’une famille de chrétiens pratiquant, et de plus professant le protestantisme : non seulement son père et un frère de sa mère étaient pasteurs, ses deux grands-pères, paternel et maternel, l’avaient aussi été.

Ils appartenaient tous à l’église réformée qui, dans le protestantisme, se distingue de la luthérienne par divers traits, entre autres par un peu plus d’indépendance à l’égard de l’autorité, soit ecclésiastique, soit civile. Mais cette disposition était, au xviiie siècle, en Allemagne, beaucoup plus marquée dans le piétisme, bien que celui-ci par ses origines, se rattachât à la tradition luthérienne. La foi du père de Schleiermacher avait connu le trouble d’une profonde crise intellectuelle ; sa religion en avait triomphé, grâce à l’appui trouvé dans la conviction de la bienfaisance morale pour l’homme de sa communion avec l’esprit du Christ ; cette conviction lui avait suffi pour prêcher pendant douze années l’Évangile, bien qu’incroyant, suivant son propre aveu à son fils : anticipation de la crise que traversera et dont triomphera de même l’auteur des Discours.

Le pasteur désirait sans doute épargner une telle passe à son fils, et il était d’accord, avec sa femme pour donner à leur enfant une éducation aussi chrétienne que possible. Quand vint pour l’adolescent l’âge d’études qu’ils ne peuvent pas lui faire suivre dans leur résidence d’alors, ils s’entendent aussi pour le confier, non à des réformés, mais à une des institutions moraves qui fleurissent alors en Allemagne, en Silésie en particulier, grâce à l’efficace protection que leur avait assurée là le comte de Zinzendorf. Ils connaissent l’esprit de ces institutions, et sont certains que l’atmosphère qu’on y respire est la plus favorable à l’accomplissement de leurs vœux.

Ces Moraves se distinguent à peine des piétistes, moins même que ceux-ci ne se séparent des luthériens. Les premiers sont encore plus disposés que les seconds à reléguer à l’arrière-plan les discussions théologiques que suscite la raison avec son besoin de connaître, à réduire l’importance des dogmes, des rites, du clergé, à faire des églises de libres réunions de croyants, et de la religion avant tout un sentiment, celui qu’inspire la communion constante avec le