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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/17

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près de Francfort sur l’Oder, chez un frère de sa mère, le pasteur Stubenrauch, qui lui inspire autant de respect que d’affection ; là il se prépare dans la solitude à son examen de théologie, et continue à méditer sur le kantisme. Son examen passé, à Berlin, en mai 1790, il s’agit de trouver une situation. Le pasteur Sack, chef de l’Église réformée de Berlin, lui procure celle de précepteur, dans la famille du comte Dohna, de la noblesse prussienne de l’Est.

D’octobre 1790 à mai 1793, le jeune théologien remplit ce rôle avec conscience et succès, à Schlobitten, près de Königsberg. Il vit là, entouré d’estime, dans une famille cultivée, dont les hommes exercent des fonctions publiques, civiles et militaires. Il apprend à mieux connaître le monde, tout en continuant à réfléchir sur les problèmes que lui posent ainsi la vie aussi bien que la philosophie et la religion. Il rédige d’autres essais sur La Liberté, il en écrit un sur La Valeur de la Vie, et continue à pratiquer beaucoup Platon et Aristote ; il a l’intention de traduire l’Éthique du second, projet qu’il abandonnera pour la grande traduction des œuvres du premier qui sera une de ses influentes contributions à la culture de son époque.

Puis il lui est accordé de compléter sa formation d’humaniste. De septembre 1793 à avril 1794 il est, à Berlin, répétiteur au séminaire Gideke, sorte d’école normale où l’on forme des maîtres pour l’enseignement secondaire, en même temps qu’il fonctionne comme instituteur dans un orphelinat dépendant de ce séminaire. Sa pensée continue à travailler sur les données dont l’ont alimentée Platon, Kant et Leibniz. Un des fils Dohna l’introduit chez la juive Henriette Herz, qui sera dès 1795 une des plus séduisantes propagatrices de l’esprit nouveau ; c’est alors seulement que cette relation prendra pour lui l’importance d’une étroite amitié.

Viennent maintenant ses débuts dans la carrière ecclésiastique. D’avril 1794 au début de 96, il est suppléant du pasteur réformé à Laudsberg, petite ville de la région de Francfort sur l’Oder.

Les problèmes que, dès l’adolescence, la vie et la philosophie avaient posés à son esprit critique, l’avaient amené de très bonne heure, ainsi que nous l’avons vu, à écarter plusieurs des dogmes fondamentaux du christianisme, ou