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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/200

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misère en protestant partout contre le miracle, les autres par l’importance qu’ils attachent à telle ou telle circonstance particulière, et par le fait qu’un phénomène doit avoir un aspect étrange et merveilleux pour être à leurs yeux un miracle.

Qu’appelle-t-on révélation ? Toute intuition de l’Univers originale et nouvelle en est une, et chacun doit savoir mieux que quiconque ce qui est pour lui original et nouveau, et si quelque chose de ce qui, en lui, était spontanément original, est pour vous encore nouveau, sa révélation en est une pour vous aussi, et je vous conseille de l’examiner [119] avec soin.

Que signifie le mot inspiration ? Ce n’est que le nom religieux donné à la liberté. Toute action libre qui devient un acte religieux, toute communication d’une intuition religieuse, toute expression d’un sentiment religieux qui se communique réellement, de telle sorte que cette intuition de l’Univers passe aussi à d’autres, tout cela était la suite d’une inspiration, car c’était une action de l’Univers, exercée par un individu sur d’autres.

Toute anticipation de la seconde moitié d’un événement religieux, quand la première est donnée, est un oracle, et il était très religieux de la part des anciens Hébreux de mesurer la divinité d’un prophète, non à la difficulté de la prédiction, mais tout simplement d’après l’issue, car on ne peut pas savoir si un homme s’entend à la religion avant de voir s’il a exactement saisi l’aspect religieux de cet objet précis qui l’affectait.

Que sont les grâces divines[1] ? Tous les sentiments religieux sont surnaturels, car ils ne sont religieux que dans la mesure où ils sont effet immédiat de l’Univers, et n’est-ce pas celui qui les éprouve qui doit le mieux juger s’ils ont ce caractère ?

Toutes ces notions — si l’on admet que la religion doit avoir des notions — sont les premières et les plus essentielles ; [120] elles caractérisent de la façon la plus particulière la conscience qu’un homme a de sa religion.

  1. Gnadenwirkungen. Le commentaire 17 de 1821 note la difficulté qu’il y a à donner de cette notion, si spécifiquement chrétienne, un définition qui vaille aussi pour ce qu’on peut discerner d’analogue dans la religion en soi.