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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/254

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symboliques qui, d’après leur nature, viennent en dernier lieu parmi les moyens de communication, comme excitants, pour susciter ce qui en réalité devrait les précéder.

Si, comparant cette communauté plus vaste, et largement étendue, avec celle, plus parfaite, qui est à mon idée la seule véritable Église, je n’ai parlé de la première qu’en termes très dépréciateurs, et comme d’une chose vulgaire et basse, cela a sa, raison assurément dans la nature de cette réalité, et je ne pouvais pas dissimuler ma pensée à ce sujet. Mais je proteste à l’avance [200] de la façon la plus solennelle contre tout soupçon m’imputant de m’associer, comme vous pourriez bien croire que c’est le cas, au vœu, qui va se généralisant, de détruire plutôt complètement cette institution. Non. La véritable Église ne sera jamais ouverte qu’à ceux qui sont déjà en possession de la religion ; mais il faut pourtant qu’existe un moyen de liaison entre ceux-ci et ceux qui en sont encore à la chercher. Or c’est là ce que doit être cette institution, car, en raison de sa nature, elle doit toujours tirer de la véritable Église ses guides et ses prêtres. La religion devrait-elle donc être la seule des affaires humaines dans laquelle il n’y aurait point d’organisation à l’usage des écoliers et des apprentis ? Non sans doute, mais assurément toute la structure de cette institution devrait être autre qu’elle n’est, et son rapport à l’égard de l’Église véritable devrait prendre un tout autre aspect. Il ne m’est pas permis de me taire là-dessus. Ces souhaits et ces vues sont en relation si étroite avec la nature de l’esprit de société religieux, et le meilleur état de choses que j’imagine contribuerait[1] tellement à sa magnification, que je n’ai pas le droit d’enfermer en moi-même ce que je pressens.

La différence tranchante que nous avons constatée entre les deux Églises nous a valu tout au moins cet avantage, que nous pouvons réfléchir ensemble, très calmement et en bonne intelligence, [201] sur tous les abus qui règnent dans la société ecclésiastique, et sur leurs causes. Car vous devez avouer que la religion, puisqu’elle n’a pas

  1. Je corrige ici la négligence du texte qui dit « trop étroite », et « contribue ».