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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/26

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aussi dans la collaboration qu’il apporte à l’œuvre du rapprochement entre les deux protestantismes, évangélique, luthérien d’une part, et réformé, calviniste d’autre part ; l’effort fait ainsi pour réaliser ce qu’on appelle l’Unions Kirche, l’Église unie, obtient en Prusse, en 1817, grâce à l’appui du roi Frédéric-Guillaume III, un succès positif.

Sur le plan de la dogmatique, il coordonne et précise ses idées dans son ouvrage fondamental, La Foi chrétienne d’après les principes de l’Église évangélique, 1821-22, seconde édition, modifiée, 1830-1831.

Il reprend là les principaux problèmes que pose à la raison et au sentiment la religion chrétienne, et les étudie dans un esprit toujours très libre à l’égard de l’orthodoxie conservatrice, mais qui se rapproche sensiblement plus de la tradition que ce n’était le cas dans les Discours. Le sentiment de dépendance absolue, à l’égard d’une puissance divine absolue, qui est devenu le centre de sa doctrine, est beaucoup plus voisin de la soumission chrétienne à un plan céleste que n’était l’intuition de l’Univers, principe central de sa religiosité romantique.

Ce que son christianisme a repris de plus positif au cours de son existence se marque aussi dans les modifications, suppressions et additions de la seconde et de la troisième édition des Discours, en 1806 et 1821. On en peut saisir quelques traces dans les variantes des seconde et troisième éditions des Monologues 1810 et 1821. Durant toute la carrière du pasteur et du professeur de théologie, les Sermons de Schleiermacher sont l’expression d’une piété qui est un culte vivant du Christ, prêché comme l’incomparable promoteur de l’amélioration des humains et de leur progression vers le divin, comme le surnaturel agent de leur salut, ainsi qu’il le déclarera en termes de plus en plus positivement chrétiens. Beaucoup de ces sermons ont été publiés de son vivant, en 1801 déjà, deux ans après les Discours et d’un esprit plus traditionaliste, ainsi que l’entretien sur la Fête de Noël, publié en 1806 ; d’autres recueils de sermons se succèdent en 1808, 1814, 1820, 1826, 1831, 1833 ; on en éditera encore après sa mort qu’il n’avait pas publiés lui-même. L’esprit essentiellement vivant, jamais figé, du romantique, assagi mais dont la souplesse est toujours apte à de nouvelles combinaisons, s’est exercé dans presque