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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/25

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église. Schleiermacher avait toujours pensé à la fois en Allemand et en homme, comme il apparaît dans ses Discours. L’Allemand tend à l’emporter en lui durant cette période, de même que, dans les épreuves de la patrie, le nationalisme s’affermit ou s’exaspère chez presque tous les romantiques. Après que Napoléon eut dissous l’Université de Halle, Schleiermacher continue à prêcher là dans son église le dévouement au pays. Puis, en 1807, il retourne à Berlin, et intervient dans diverses affaires politiques. Il est en relation et agit d’accord avec les grands restaurateurs de la Prusse, Stein, Gneisenau, Scharnhorst. Il exerce une fonction au Ministère de l’Instruction publique, et contribue avec Fichte, Guillaume de Humboldt et autres penseurs et savants à la création de l’Université de Berlin. Il y est, dès sa fondation en 1810, nommé professeur de théologie, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort en 1834.

Dès 1806 donc, il est mêlé à la vie publique de son pays, beaucoup plus que ne l’y associerait l’exercice d’un simple ministère pastoral ou professoral. Il doit tenir compte davantage des nécessités de la vie humaine collective. Ce ne sont plus seulement les relations formées au sein de libres groupements d’esprits apparentés, dans des cénacles ou de petites paroisses, qui s’imposent à son attention, ce sont les conditions d’existence des grandes sociétés humaines. De plus, en 1809 il se marie. Il épouse la veuve de son ami Willich, mère de deux enfants ; de leur union en naîtront quatre autres. Ainsi les devoirs de la famille, cellule de l’État, prennent également pour lui la réalité de l’expérience vécue.

Dès lors, son activité tend, avec plus de force et d’extension qu’auparavant, dans son enseignement, sa prédication, ses publications, dans ses rapports avec l’Église et les autorités ecclésiastiques ou politiques, à concilier avec l’esprit philosophique de son époque ce que cet esprit peut admettre, selon lui, des éléments positifs du christianisme protestant. C’est l’ensemble de cette activité qui a fait de lui un des plus influents continuateurs de la Réforme.

Cette action s’exerce en particulier, en ce qui concerne l’Église, dans sa lutte pour l’indépendance de celle-ci à l’égard de l’État, attitude qui le met à diverses reprises dans la situation d’opposant, mal vu des autorités ; elle s’exerce