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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/291

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du tout satisfait par le fait que la religion se présente de ces trois façons. Dans chacune de celles-ci, il arrive sans doute que des intuitions particulières ont un caractère qui leur est propre, et c’est pourquoi chaque forme déterminée de la religion doit se rapporter à l’une de ces espèces. Mais ces dernières ne déterminent nullement une relation et une situation particulières des diverses intuitions les unes à l’endroit des autres, d’une façon exclusive, et à cet égard, tout reste après cette division tout aussi infini et tout aussi polyvalent qu’auparavant.

On pourrait peut-être voir plus d’apparence de vérité dans le fait que le personnalisme d’une part, et la représentation opposée, le panthéisme, d’autre part, nous offrent dans la religion deux de ces formes individuelles ; mais ce n’est tout de même encore qu’apparence. [257] Ces espèces de représentations se retrouvent dans chacune des trois espèces de religions, et pour cette raison déjà ne peuvent pas être des individus, car il est impossible qu’un individu réunisse en lui trois caractères spéciaux distinctifs. Mais à considérer les choses de près, vous devez voir en outre que ces deux espèces de représentations ne donnent pas non plus de relation déterminée de plusieurs intuitions religieuses, les unes à l’égard des autres.

Sans doute, si l’idée d’une divinité personnelle était une intuition religieuse particulière, alors assurément le personnalisme serait dans chacune des trois espèces de religions une forme tout à fait déterminée, car en lui toute substance religieuse est rapportée à cette idée. Mais en est-il ainsi ? Cette idée est-elle une intuition particulière de l’Univers, une impression particulière faite par lui, qu’une particularité déterminée du fini produit en moi ? Dans ce cas le panthéisme, qu’on oppose au personnalisme, devrait être aussi une intuition particulière de l’Univers ? Et ainsi il devrait y avoir pour tous deux certaines perceptions déterminées d’où seraient puisées ces intuitions. Or, où a-t-on jamais fait voir ces perceptions ? Et il devrait y avoir des intuitions particulières de la religion opposées les unes aux autres, ce qui ne peut pas être. Aussi ces deux espèces de représentations ne sont-elles pas du tout des intuitions différentes de l’Univers perçues dans le [258] fini, ce ne sont pas des éléments de la reli-